Parfois le métro parisien a des allures de guerre Ca respire et ça crie des saignées de soufre vert Il y a des gens étranges et goguenards Rangés comme des I dans la tranchée lugubre C’est Barbès ses incendies de couleurs et de miel Ses promeneurs bruns aux cheveux ras et argentés Sa mélancolique poésie Son acharnement à déshabiller la terre de ses tentations d’u C’est Barbès encore Son très beau ciel dévoré d’écritures C’est un tourment de ville − je le dis à cause du gémi Du tournoiement tiède des parachutes
Moi je voudrais habiter le long des rives de Saint Martin A Jaurès ou Stalingrad Ca me ferait penser aux déhanchements des nénuphars Ca remplacerait la mer manquante L’ombre de son sein aplati d’algues
Je voudrais Paris avec la mer en plus Des bosses d’océan répandues partout sur le Ville Je me sens très seul − on ne m’aime pas Je suis comme un éclopé dans cette mendicité d’amour
Je veux pleurer Dessus les balustrades Les mares de métal Je veux sangloter Inonder de ma peine Le parfum creux des réverbères Les allées épineuses comme du pain C’est la mer si Allée si parvenue C’est aussi février Le grand mois des crépuscules amers