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Laurent CAMBON

PHRASES

Brumes d’abeilles
Féeries plurielles
Délicatesse du sein
Diablerie de vie

– Ces mots qui viennent comme des fleurs parachutées depuis

Souvent
J’ai pensé mourir
Mourir de joies
Mourir d’arbres centenaires
De pluies de peines et d’araignées
M’étrangler aux insolences muettes du rossignol
J’ai pensé
Qu’il y aurait en lieu
Et place de Dieu
Des feuillages septuagénaires
Des pluies rieuses de soie
Des rondeurs d’eau comme des craies
J’ai pensé
Que les criées seraient couvertes de cendres
Que les ténèbres seraient légères
Que l’absence d’aimance
Viendrait se substituer au miracle de la plume

Poète de rien
Tricoteur de nuages
Défaiseur d’encre
Tu ne vivras de rien d’autre
Que l’imbécile tournoiement de ta
Chair
Tu n’auras plus pour encens imaginaires
Les arbres ancestraux
Les chairs encéphales
Et les croisées du métal
Voilà –
Je dois parler de l’enivrement du soleil
Du long et tiède pourrissement qui fait sombrer la poésie

J’ai pensé ça
Dans une extrême onction de neige

Ah ! C’est vrai
Il y a le ruminement affable des hêtres sous nos portes
La très grande portée des océans dans l’arome de nos bouches
C’est vrai c’est vrai
Que je meure enfin dans une propriété nue
Conquise de lettres d’apostrophes et de
Cèdre

La poésie s’humilie
Jour après pluies
Dans une crevasse d’os
Voilà
Que je meure enfin aux limbes nouvelles du
Ciel