Las, las, qu’il était loin l’or du soleil d’été Qui repoussait longtemps les ombres de la nuit Et caressait la fleur, l’abeille et puis le fruit. Mais où était passé le joli temps d’aimer. Las, un disque d’argent depuis donnait le jour Et une brume humide en gommait le contour. Il fuyait les ténèbres et tôt dans la journée Tirait sur lui son drap. La Terre semblait alors Dans un gouffre sans fond, tomber, tomber encor. Et dans ce grand vertige, dans cette obscurité, Dans ce silence sans nom, un vieux loup aboya. Il riait dans la nuit et chassait dans le froid. Serrés les uns aux autres au fond de leur caverne Les Hommes se rassuraient au contact de leurs armes, Chantaient le temps perdu les yeux rouges de larmes. C’était le temps alors où le gibier hiberne. Une ombre parmi les ombres il se dressa soudain, Il voulait la lumière et la chercha au loin. Longtemps, sans relâche, seul, il poursuivit son dieu Le suivit dans sa course toujours vers l’occident, Et puis un jour enfin atteignit son couchant. Il vola au soleil le secret de son feu Puis courut vers les siens, rapporter la lumière. Mais dans sa course folle, comme des grains de poussière Il sema des flammèches qui filèrent dans la nuit Et déchirèrent l’hymen de ce ciel inviolé. Le soleil réveillé, tout d’abord chagriné Pardonna ses enfants et donna une amie. Le loup pointa alors son museau vers la lune Pleura longtemps la nuit et tient encore rancune.