Il avait débarqué tout un flot de touristes Qui passaient en riant devant l'homme aux yeux tristes, Tête de dragon et décors fantaisistes Pour cet hôtel flottant dans les gorges kartistes.
L'homme était toujours là assis sur une pierre Quand les joyeux touristes, en groupe réembarquèrent, Il fixait les eaux sombres qui n'étaient pas là hier Et qui jour après jour noyaient son bout de terre.
Le bateau sur les eaux glissait avec lenteur, Il s'était engagé pour la joie des filmeurs Dans une gorge étroite aux roches de couleur Pour gagner un vieux temple perché sur les hauteurs.
Le village n'était plus, il avait dû partir, Quitter sa maisonnette, laisser ses souvenirs, La tombe de ses parents qu'il n'ira plus fleurir, Et ce départ forcé, c'était un peu mourir.
L'écluse se ferma sur la fin du voyage. Dans la nuit noire et froide dominait le barrage Dont les flans de béton sous de forts éclairages, Des eaux du Fleuve Bleu, limitaient le passage.