J'ai la mémoire stratifiée De vies éperdues, De vies épargnées Dans les cordes tendues entre deux espaces temps. J'ai marché dans des temps oubliés insoucieux d'une soupe natale et j'ai couru des cœurs incendiés aux yeux sans couleur. J'ai fouillé des blessures Où j'ai bu jusqu'à l'ivresse De fielleuses liqueurs Et distillats de chaînes. J'ai senti mon sang bouillonner dans les vitraux liquides des yeux de femmes qui m'offraient leur calice autant qu'il se glaça dans des poisons infâmes où j'ai rencontré dieu triste comme un saule. J'ai la mémoire abyssale des anciens naufrages et la mémoire céleste des vieilles envolées. J'ai la mémoire soleil de nos nuits de cuivre la mémoire millénaire de nos épousailles toujours recommencées.