Un poème s'est noyé sous le pont des soupirs Dans l'eau scintillante d'une nuit vénitienne. Du papier florentin gonflé de souvenirs Les mots effacés pleurent l'encre phénicienne. Un poème s'est noyé pour des mots fredonnés, Un poète s'est noyé pour des mots périmés Dans l'âme en doline d'une amante obstinée Revenant d'Argentine qui n'osait plus l'aimer. Sur le pont des soupirs les pierres se gondolent Aux versions sibyllines de l'histoire folle D'un amour immortel qu'on voudrait voir finir Et d'un coeur qui s'enfuit qu'on aimerait retenir.