Pourquoi son image encore le hante, malgré tout ce temps? Pourquoi ne peut-il enfin l'oublier, ne plus en rêver? Ce n'était qu'un garçon qu'il ne connaissait, ni d'Eve n Un corps sans vie dans une ambulance qui venait d'arriver.
Ce soir-là il avait perdu le contrôle de son véhicule On n'y voyait goutte, il faisait trop noir Et l'instant fatidique; il n'avait put éviter l'enfant Qui traversait la chaussée, pourtant avec prudence.
Il a freiné mais trop tard. Il roulait trop vite, l'impact était inévitable. Mais ce n'était pas sa faute Il l'a dit et répété, devant le juge et les parents, A cause du virage on ne pouvait rien voir.
Pourtant d'habitude il roule tranquillement. Mais là il rentrait d'une réunion de travail, Sa femme l'attendait à la maison. Il avait bu un verre, peut-être deux... Pas plus!
Mais ce n'était pas sa faute Il aime les enfants! Il en a deux lui-même. Et si un chauffard les lui enlevait Il lui ferait payer. Mais là c'est différent!
Ce n'était pas sa faute! Il avait confiance en sa voiture, en ses réflexes. Messieurs les agents, depuis près de vingt ans Qu'il a le permis c'est son seul accident.
Et pourtant aujourd'hui encore il ne peut oublier Et chaque nuit il revit le choc, le dérapage, Le corps sanglant, les pleurs de la mère. Mais ce n'était pas sa faute! Il se le répète encore et encore Jusqu'à ce que persuadé il se rendorme. Pendant qu'une mère pleure son enfant.
