POURQUOI POURQUOI
Un, deux, trois, je m’en vais au bois ;
Quatre, cinq, six, mourir dans tes bras ;
Sept, huit, neuf, au clair de la lune ;
Dix, onze, douze, dans le froid des dunes.
Dis-moi, l’enfant, pourquoi tu pleures ?
Pourquoi ce feu que fut ta peur ?
Pourquoi ces poings serrés en vain ?
Pourquoi ces yeux, miroirs sans tain ?
Pourquoi la mort, me répond-il ?
Pourquoi la vie si difficile ?
Pourquoi la terre tombeau des hommes ?
Pourquoi "Pourquoi ?", rempart des mômes ?
Au fond de son regard sans vie,
L’enfant apprend haine et ennui ;
Les poings serrés dans des menottes,
L’enfant apprend le bruit des bottes.
Dis-moi, l’enfant, pourquoi ces larmes ?
Pourquoi ta main tient-elle une arme ?
Pourquoi ton frère mort en héros ?
Pourquoi ta soeur dans le ruisseau ?
Pourquoi l’armée me répond-il ?
Pourquoi la vie n’a-t-elle qu’un fil ?
Pourquoi le sang de mes parents ?
Pourquoi ma vie de survivant ?
Au fond de son cachot sans vie,
L’enfant se couche, oublie qu’il vit ;
Et il s’endort sur ses menottes,
Dans la paille et le bruit des bottes.
Un, deux, trois, je reviens du bois ;
Quatre, cinq, six, porté par tes bras ;
Sept, huit, neuf, le cerveau en sang ;
Dix, onze, douze, dans le jour naissant.
Pourquoi "Pourquoi" ?
Parce que ...
