Je suis d'un pays qui ne connaît pas d'exil Ou qui en connaît tant qu'il ne sait ce qu'il vaut Un pays qui ne périt pas sous la faux du soleil Mais seulement sous celle de l'amour et des mots.
Je suis d'une terre vierge de tout péril Hormis celui, cocasse, de la mort inventive Qui, de roulements en tambours, mutine des villes Passe l'éternité à écumer les rives.
Elle vient s'attarder déjà près des berceaux Où viennent s'ensorceler la peur mêlée aux rêves Elle danse si bien qu'en jouant aux cerceaux Elle parvient à séduire les enfants pleins de sève.
Mais plus tard, quand les jeux ont vaincu l'espérance Le fumet de l'hiver sort sa langue engourdie Qui lape et interroge le froid, la nuque raidie : "Est-ce moi cet effluve qui chante une romance ?"