Courant d’air Elle dormait toute nue et les jambes écartées. Passa un courant d’air qui voit cette beauté ; Sitôt il sent son souffle et grandir et gonfler ; Sur le corps admirable il s’en va s’allonger. Dans la forêt touffue il se glisse lentement, Découvre entre les cuisses un puits impressionnant; Devant de tels abysses il est pris de vertiges, Et y plante son souffle comme on plante une tige. Il croit se déplacer dans quelque labyrinthe, Tandis qu’autour de lui se resserre l’étreinte De la belle, éveillée maintenant et qui glousse, Tandis qu’entre ses lèvres s’écoule de la mousse. Bientôt les gloussements se transforment en cris ; On ne saurait pas dire si elle souffre ou elle jouît. Mais sourd aux hurlements le souffle continue Son travail de trépan pour l’emmener aux nues ; Percussion verticale, s’enfonçant dans le sol, Se répandant partout dans la moindre alvéole. Le courant d’air va vient et, à chaque plongeon, Pénètre plus profond, jusqu’à buter au fond.. Si dehors il fait frais, au-dedans c’est bouillant Comme si on se trouvait dans le cœur d’un volcan ; Sous l’effet du chaud-froid courant d’air éternue Et inonde l’entraille de la belle ingénue. De l’étrange coït naquirent de curieux vents Sortant d’un trou de cul en pets tonitruants. L’air aux alentours s’emplit de décibels Et des parfums magiques embaument les poubelles. Enchanté par ces airs, Eole, futé souffleur, Les récupère ensemble et les range dans une fleur. Ainsi naquit la rose et ses trente pétales Aux odeurs si diverses qu’on en perd les pédales. Voilà les conséquences des amours éphémères D’une fille toute nue avec un courant d’air.