Le feu
Je voudrais te parler comme autrefois,
Après le travail, les vieux, à la campagne,
Assis aux petits feux de bois,
Parlaient avec les pierres et les montagnes...
J’aurais voulu te dire de simples mots
Qui poussaient dans mon cœur en amalgame,
Des mots banals, d’amour, de vie, de sort,
Et des silences qui frappent jadis les âmes...
Mais c’est fini. Mes vieilles paroles dissonent,
Elles se sont envolées, mouettes magiques,
Comme des oiseaux de papier, en automne,
Vers les terres chaudes, aux pays des tropiques.
Sur mes blessures, les cieux carbonisés
Tombent, quand le chant s’arrête sur les branches mortes,
Les feuilles d’automne s’en vont comme mes pensées,
Au-delà des frontières qui neiges emportent.
Je rampe, le vent en face, contre ce monde
Et son vacarme d’alcool, de guerre, de foi,
Puis le lourd silence tombe… J’écoute ondes,
Pierres et montagnes, aux feux, parler de toi…
Et quand les feux s'éteignent, clochardes brûlages,
Le monde tire le rideau des noirs chlamides.
Je n’ai plus de paroles, j’efface maquillage,
Vieil acteur, resté sur une scène vide…