Plaie d'argile
La vie n'est que rêve et l'amour n'est que jeu,
les deux inventés par le bon vieux temps,
qui passe, éternel dans son marbre de feu,
vers d'autres histoires parallèles, souriant...
L'amour est un petit flocon de neige blanche
qui fond dans ma main maladroite, étonnée,
la vie est un vol de pigeons, avalanche
qui passe, traversant, traversant mes années...
Fragile et assoiffé des révélations,
on se perd dans des coins de désirs,
le cœur couvert de cicatrices et décorations,
dans un jeu rituel, initiatique, à bénir.
On n'a pas de corps, on vit en statues,
on donne aux silences nos noms,
et quand l'herbe et la terre nous rappellent, on restitue
aux vents déchirants, la bleue toile de l'illusion.
Les mots des poèmes s’en vont vers nulle part,
les chaines de larmes seules créent des métaphores,
on ne vit que sous la chapelle de l’art
et le jeu des idées casse dans de vieilles amphores.
Pourquoi Dieu a créé tant de nuit,
que mille et mille années de lumière ne peuvent pas
éclairer les ténèbres des sens interdits,
pourquoi rêve, amour, haine ?
pourquoi pas...
Des constellations, comme d'indifférentes gares,
m'entourent et s'éloignent austères,
mes bleus chevaux passent d'horizons et s'égarent,
la plaie de l'argile de mon âme cherche la terre.
La vie est scène vide; trop tard, tout arrivage,
et tout ce qu'on aime partent trop tôt,
seule dans ma cabine, j'efface le maquillage,
et les vieux moulins à vent broient ce dernier mot...