Heureux qui, comme Ulysse, a fait un beau voyage, Ou comme cestuy-là qui conquit la toison, Et puis est retourné, plein d’usage et raison, Vivre entre ses parents le reste de son âge ! - Joachim Du Bellay
Posé, calme, je pense à ces choses heureuses Que la vie m’a apporté. Ces choses merveilleuses Que la vie m’a permis de toucher.
Je sens les rides sur mon visage Semblables aux vagues fortes de la mer Lorsque j’étais en vacances À nager dans l’eau chaude et mousseuse.
Je suis seul sur mon lit Qui me fait penser à un petit radeau Qui, seul aussi dans l’eau, Tente de rester en vie.
Le matelas est mouillé Et mon regard se floute. Des gouttes perlent sur mes joues Et tout me semble si loin, que je pleure de nostalgie.
Mais aujourd’hui je suis Plus assez jeune pour vivre. Je sens le poids des années qui passent Sur mes joues toutes flétries.
Mélancolique, je médite sur ce que j’ai vécu Tout au long de ma vie Calme mais inachevée Et mes larmes gonflent mes yeux, brouillant ma vieille vue.
L’homme que je suis devenu N’est pas celui que j’ai voulu Avant, j’étais heureux et fier Maintenant je ne me sens plus aussi clair.
Mes sens m’abandonnent Je ne sais plus qui je suis Dans ces nuages, ce ciel étoilé Je me perds parmi les différents astres illuminés.
Rien ne va plus Où est ma vue ? Je l’ai perdu Je ne la retrouverai plus.
Rien n’est sensé Je n’entend plus le son des passants dans les rues éclairées. Je ne perçois plus les bruits Aux alentours de mon lit. Je ne sens plus la douceur de mon oreiller Et mes oreilles bourdonnent, me font souffrir. Je sens que je vais bientôt mourir Calme, triste mais apaisé Parce que je vais pouvoir tous les retrouver Mes ancêtres dans toute la voie lactée.