La nymphe bellâtre (Recueil Associations poétiques)
II - La nymphe bellâtre
Quand vous serez bien vieille, au soir à la chandelle, Assise auprès du feu, dévidant et filant, Direz chantant mes vers, en vous émerveillant : « Ronsard me célébrait du temps que j’étais belle. » - Pierre de Ronsard
La voilà de retour Près des rives du lac Elle attendait son tour Elle sauta de sa barque.
Elle se dandine Se croyant divine Pensant être belle Comme une hirondelle.
Pourtant cette gueuse N’est autre que folle Elle est presque hideuse Avachie et molle.
Mais elle a un sort, Une mystérieuse force, Ce philtre d’amore Qu’elle prétend encore Posséder alors.
Mon miroir, mon double Mon reflet qui trouble Ma pudeur, mon être Prisonniers des hêtres
Qui entourent mon corps Quand elle me parle encore M’ensorcelle et m’endort À l’aide de son sale cor.
Dans la nuit, dans le jour Pour toujours elle m’habite Je sens en elle l’amour D’une grande fanatique.
Elle est là et elle reste Jamais elle ne me lâche. Je suis sa divine proie Elle a besoin de moi.
Elle m’ensorcelle Séduisante sorcière Son chant de sarcelle Ramollit ma pierre.
Et je m’affaiblis À mesure qu’elle m’ennuie De ses piètres paroles De ses chants maudits !