Solide comme un pic Établi dans le sol Insensible à la chaleur des tropiques Je fixe, emprisonné dans l’alcool, Tout ce monde rieur et danseur. Mes yeux se plissent pour mieux reconnaître Ceux qui ne me connaissent pas. Il ne me reste qu’à apparaître Pour ne plus être qu’un tas Morne, triste, sombre et indolore À leurs yeux d’inquisiteurs d’alors Observant eux aussi dans le temps L’autre, qui virevolte innocemment. Je le vois qui me vois pour me voir Celui qui aime à me dévisager Comme si je n’étais plus que le reflet de son âme égarée Que je n’étais plus que le reflet de lui-même à travers un miroir. Libre mais docile, je me laisse attendrir à son petit jeu Il me dit des choses Qui m’attire jusqu’à lui Être machiavélique, emprunt de passions subalternes Je m’émerveille face à ce visage de miel Aux goûts d’épices rougeâtres Aux clairs senteurs d’Orient Il me dit, je suis là pour toi, j’arrive. Je vis près de toi, tu ne me reconnais pas ? Et il me dit que cela n’est finalement que moi Un aperçu parmi les âges Distillé dans le temps Indépendant des éléments Chose effroyable au premier plan Pourtant si tendre, pieds dans la Flandre. Il est face à moi dans l’herbe mouillé des champs de blés Fleurs de mai éveillées Soleil de Juin à jamais Dominant le ciel de sa clarté Pour refléter mon corps sur la voie lactée Sur l’eau fière et argentée Où brunissent des canards entassés Mais le plus important Moi, qui se reconnaît en toi, le reflet du lac Mon double naturel aux sens métaphoriques De la nuit et du jour Pour toujours.