Hier, la rue cliquait d'un bleu électrique, Requinqués aux voitures sans polluant, Les gaziers grévaient en maugréant, Réclamaient un statut mathématique. Les syndicaux enflaient les caniveaux, La rue minait tous ces vaches de badauds.
Samedi les banderoles et calicots Paradent au rythme des rumbas et grelots, Sous l'enrubannage le bitume danse D'un flux colorié de carnavaleux, Mécréants et rupins en bombance. La rue est enceinte. Etat nauséeux.
Dimanche, les marchandes de ripaille Y déroulent tentes et tapis de fakirs Pour écouler leur tas de victuailles, Ils apostrophent le chaland en sabir. Après elle gonfle, de beurs, de bantous. Repas de quartier. La rue a du goût.
A la pointe du soir s'allument les étoiles, Les clochards s'étiolent cousus de cartons, Clouant le caquet au sommeil fripon. Sur ce territoire les filles se dévoilent, Dansent au royaume de tous les fêtards. La rue crisse et poisse. Elle est lupanar.
Les talons aiguilles des stars du bitume Résonnent sur sa peau de goudron qui fume... Les pas cloués des passants en cavale Claquent sa fragile ossature dorsale. Après ses apnées, rincée, relookée, Mais semelles mitées, elle peut respirer...