Il est de ces instants où l’âme est en suspens, Où la plume incertaine est à court d’arguments ; Désoeuvrée elle essaie d’écrire des mots d’argent Mais tout ce qu’elle rédige est triste et désolant.
Il est vain de vouloir poursuivre absolument ; Rien n’a plus de pouvoir que ces funestes blancs. Si l'esprit rend les armes il convient d'accepter Avec patience et calme la trêve imposée.
Il suffit quelquefois de poser son crayon, De chercher simplement une autre occupation, Pour que soudain renaisse l’imagination, Souveraine maîtresse de l’inspiration.
D’autres fois l’affliction persiste plus longtemps ; Trop de concentration mène à l’épuisement. Et le cœur condamné malgré lui au néant Déambule égaré tel un triste mendiant.
Il attend résigné cet infime détail Qui viendra réveiller le fond de ses entrailles, Faisant naître les mots qui bientôt danseront En un vif tempo de grisants tourbillons.
A ce moment précis tout sera oublié. Les doutes par magie se seront envolés. Le crayon, prenant vie, noircira le papier, Acharné, faisant fi de la nuit avancée.
Et la flamme à nouveau sera vive et brûlante. Elle sera fougueuse, insoumise et puissante ! Elle prendra possession du corps et de l’esprit, Faisant de l’être humain son esclave asservi.