Il reste mon enfant, même devenu grand, Personne mieux que moi ne l’aime et le comprend. J’essaie depuis toujours de protéger sa vie, Et de combler l’absence d’un père trop tôt parti.
Je l’ai vu peu à peu glisser vers la démence. La nuit ses hurlements poignardent le silence. Il me parle de « voix » que lui seul peut entendre, Ainsi que de « visions » qu’il craint sans les comprendre.
Il est rentré ce soir éclaboussé de sang, La démarche fragile et le regard absent. J’ai lavé sa chemise et jeté son couteau, Pardonnant ses bêtises, comme vingt ans plus tôt.
Etendu sur son lit, aussi blanc qu’un linceul, Il me semble perdu, et infiniment seul. Je reste près de lui, caressant ses cheveux, Priant pour ne jamais entendre ses aveux.
Mon cœur est déchiré de le voir en souffrance. Ne me reprochez pas de garder le silence. Je cacherai à vie mes sanglots étouffants; Comment le dénoncer; il reste mon enfant.