Son pas est silencieux, Aérien et gracieux; Dès qu’il m’a approchée, Ma raison a flanché. J’ai tout fait pour lui plaire, Mon dessein était clair: Me faire aimer de lui, Et partager ses nuits. Son regard est gris vert, Comme un brouillard d’hiver; Etrange et envoûtant, Tellement déroutant… Je l’ai longtemps toisé, Pour mieux l’apprivoiser, Mais de nous deux, c’est moi, Qui frémissait d’émoi. Il est très solitaire, J’ai appris à me taire, Pour ne pas l’offenser, Ni troubler ses pensées. Conscient de mes efforts, Et cherchant le confort, Il a un jour fini Par rejoindre mon nid. J’avoue ma confusion Depuis cette intrusion J’ai vite découvert Ses pénibles travers. Il dort pendant des heures. Il hait l’aspirateur. Et daigne se lever Seulement pour manger. Son air est indolent, Au point d’être insolent. Il aime ne rien faire, Pendant que je m’affaire. Il observe ma vie, Mes chagrins, mes envies Paisible spectateur, De mes petits malheurs. A ses heures câlines, Ses manoeuvres félines, Appellent ma tendresse, Et guident mes caresses. Même s’il vit chez moi Il se comporte en roi Et je dois avec soin Répondre à ses besoins J’avoue que je l’envie, Que bien douce est sa vie, Mais n’imaginez pas, Que je souffre tout bas. Ne le méprisez pas, Et ne me plaignez pas. Ce bienheureux pacha N’est autre que mon chat !