Plagiat
PLAGIAT
J’aime la poésie depuis mon plus jeune âge,
Je ne l’ai pas choisie, elle m’a prise en otage,
C’était, je m’en souviens, un doux matin d’hiver,
Pendant que la maîtresse nous lisait Prévert.
Mon corps a frissonné et j’ai fermé les yeux,
Pour me laisser bercer par le rythme harmonieux,
De ces mots bien choisis et savamment placés,
Capables de faire fondre même un coeur glacé.
Plus tard en découvrant Aragon ou Sappho,
Verlaine, Hugo, Musset, Baudelaire ou Rimbaud,
J’ai compris que mon âme était à tout jamais,
Esclave de leurs rimes, leurs vers et leurs sonnets.
En lisant leurs écrits mon cœur se met à vivre,
Il bondit, il frémit, comme s’il était ivre,
Il chavire, il gémit, ou explose de joie,
Au rythme des messages que les mots lui envoient.
Un jour j’ai décidé de tenter l’aventure,
D’essayer moi aussi de dompter l’écriture,
Je voulais à mon tour traduire en poésie,
Mes chagrins, mes amours, et l’histoire de ma vie.
Il m’a fallu braver quelques complications
Comme les lourds caprices de l’inspiration,
Les nuits sans parvenir à trouver le sommeil,
Quand les mots se bousculent, et vous tiennent en éveil.
Puis j’ai timidement dévoilé mes poèmes,
Tout d’abord à mes proches, aux personnes que j’aime,
Et quelques temps plus tard un large public,
Editant sur le net mes vers en quelques clics.
Grisée par les éloges et encouragements,
J’ai vite déchanté, hier, en découvrant,
Toutes mes poésies, sans aucune exception,
Sur un site internet… signées d’un autre nom !!
Un parfait inconnu a volé mes poèmes,
S’appropriant ma vie, mes bonheurs et mes peines,
Et comble du grotesque il semble savourer,
Les quelques compliments qui me sont destinés.
J’aimerais m’en moquer et pouvoir en sourire,
Ou me sentir flattée, plutôt que de souffrir,
Mais ne voyez vous pas, usurpateur infâme,
Qu’en agissant ainsi vous me volez mon âme ?!