Viens près de moi, mon chat, viens là et tiens-toi sage, Laisse ma main glisser sur ton soyeux pelage, Viens me faire oublier cette journée sans joie, Et l’infinie fatigue ancrée au fond de moi.
Seule ta compagnie, douillette et silencieuse, Sait dissiper le soir mes pensées ombrageuses. Tes yeux à demi clos me scrutent en profondeur, Comme si tu cherchais à comprendre mon cœur.
Je me laisse envouter par ton regard étrange, Et imagine en toi la sagesse des anges. Mes pensées s’abandonnent à tes ronronnements Qui mieux que tous les mots apaisent mes tourments.
Ne cherche pas la source de ma lassitude, Laisse-moi m’imprégner de ta douce quiétude, Tu ne pourrais je crois ni comprendre la cause, Ni mesurer l’ampleur de mon humeur morose.
Il me faut endurer, chaque jour, impassible, Du matin jusqu’au soir, sans évasion possible, La triste compagnie de ceux de mon espèce, Dont je ne souffre plus les multiples faiblesses.
Vanité, égoïsme et manque de courage, Étroitesse d’esprit et don de commérages, Je tremble de dégoût autant que d’impuissance, Devant tous ces pantins faiseurs de manigances.
Je caresse souvent le rêve inavouable, De vivre à ta façon, et parmi tes semblables ; M’enivrer de paresse et de vagabondages, Si loin de la sottise et des vains bavardages.