J’ai habité bien autrefois Une antique jolie maison Elle était sise non sans raison Bien au-delà de l’horizon Sur le flanc vert d’une colline Un ciel bleu en était le toit En bien des saisons Et des hirondelles grises parfois Etaient nos voisines Un soleil nous rendit visite Un matin de novembre Tout embaumé d’ambre Nous lui offrîmes le couvert et le gîte Sans attendre Dans nos coeurs émus et tendres Mais c’était déjà l’automne L’automne des amours pudiques Autour tout était monotone Et dans les près point de colchiques Quand l’hiver à la porte sonna Il n’y avait plus de fougères Seul le serpolet était là Mais sans la rose et le lilas Et sans la voix douce de ma mère Ah qu’elle était chaude cette belle voix Qui berça toute mon enfance Source de rêves et source de joie J’ai oh combien de fois Tant regretté son absence Dans la maison abandonnée Sur le chemin des randonnées Un chat noir trônait près de l’âtre Et sur la colline oubliée Un berger et son chien pelé Se hâtaient pour cacher l’astre Cela dura assez longtemps Bien des étés bien des hivers La chaleur et le grand vent Me rendirent souvent amer Mais jamais je n’ai perdu l’espoir De voir la rose fleurir au champ Ni le soir les soleils couchants Jamais je n’ai cessé de croire Que l’aube viendrait en son temps Revêtue de son caftan Pour épouser le printemps Et voici qu’un matin du joli mai Le muguet de nos belles années Annonça son retour Alors du fin fond de nos vallées Vers nos cimes ensoleillées Monta ce cri d’amour Ah que la vie est belle en notre maison Quand un ciel bleu en est le toit En est toujours le toit En est l’unique toit Belle en toute saison Quand l’enfant et l’amour en sont les rois En sont toujours les rois En sont les seuls rois