1006 Th01-P Trêve de fées.
Sans méfait ? Mais fais en trêve, trêve de fées...
Elle sort de mon rêve, allongée près de moi,
Offerte aux quatre vents et ma [bise] en surplus,
Sur un lit d'herbacées, de mousses et d'humus,
En pays d'Avalon, douce prison des rois.
Ma liberté d'hier sert sa chaîne, aujourd'hui :
Je suis son assidu soumis, son dû, sa chose
Aux choses de la vie qui dépendent du corps.
A ses pieds, ma puissance, et ma gloire, et mon or ;
Des "Roses" en mon cœur, pour que son cœur s'y pose,
Et déverse le chaud nectar qui nous [ravit].
Méfait, méfait céleste, autre fée s'est penchée
Sur mon sommeil profond, et m'en sort... me caresse,
Avec des doigts de femme à tel expert doigté,
Que j'en défaille encor noyé par tant d'adresse.
Où sont les mains d'antan que l'on croyait de fée ?
Sages et retenues, tenant licorne en laisse.
Arthur eut sa Guenièvre aimant son Lancelot ;
Dans ce val sans retour, mes fées me choient, me bercent,
Et captent mon regard fuyant au fil de l'eau,
Troublé par leur peaux nues sous des yeux qui me percent,
Implorant leur vassal comme désert l'averse,
Apportant vie nouvelle aux lits de tant de maux.
... Pouvais-je, magicien ! revenir de ce rêve
A la mémoire claire égale à l'eau d'un puit :
Sage Vivian, osée Morgain tissant [entre Èves]
– Mères - lins et laines... repos d'ardentes nuits...
Avec mes fées... méfaits en trêve... et sans regret...