La Rue
Aussi droite qu'un "I", plus peuplée qu'une allée,
Voie vieillotte ondulant dans un site affectif,
La Rue s'identifie à l'antique vallée
Creusée, à travers monts, par le Temps sélectif.
Artère villageoise ou grande citadine,
Elle dispense, à tous, les bienfaits de la vie,
Quelquefois bruyamment, plus souvent en sourdine,
Elle crée le chemin vers qui l'Amour convie.
Par des panneaux bleutés, sur un mural décor,
Elle expose les noms d'illustres citoyens,
Ou des faits que l'Histoire idéalise encor,
En taisant les sanglots et les ruineux moyens !
Si chaque rue parlait, nous serions stupéfaits
D'entendre ce témoin des heures capitales,
Evoquer les malheurs et les affreux méfaits,
Poussant la jolie rose à perdre ses pétales.
Elle est seul habitat pour le pauvre S.D.F.
Le Mari malchanceux, ou l'Epouse battue,
Isolés dans le froid quand l'hiver fait grief,
Et que cingle la pluie par le vent rabattue.
La Rue est le théâtre où se joue l'avenir
Des défilés hurlant leurs craintes angoissées
Pour eux et leurs enfants, d'un sombre devenir,
Leurs projets devenant des papiers tout froissés.
Mais, malgré tout, la Rue sait retrouver la joie.
La FRANCE a toujours su combattre sa détresse,
Même aux pires moments, a fait preuve de foi,
En un futur gagnant d'Amour et de Sagesse !