(Fable) Un puissant Percheron, victime du chômage, Hennissait dans son pré, lugubre et malheureux, Se souvenant du temps où l’effort chaleureux Le consacrait brillant champion du halage. Et dans un pré voisin, un élégant Pur-Sang Au port majestueux, à la robe Isabelle, Acquérant des victoires en forte ribambelle, Hennissait par orgueil se croyant tout-puissant. Dans le ciel, au dessus, planait une Colombe, Intuitive lectrice au profond des pensées, Experte en jugement des forces dépensées, Spectatrice avisée d’actes qu’elle surplombe. Elle aborda ainsi le très déshérité : « Le progrès t’a privé d’un travail légitime » « Et tu souffres beaucoup de ce supplice intime » « Attends de tous les tiens la Solidarité. » S’adressant au coursier aux victoires magiques : « A la chance, à tes dons, tu dois d’être nanti, » « N’oublie, au grand jamais, ton frère anéanti » « Par des revers brutaux aux destinées tragiques ! »