Flétrie, et sale aussi, des souillures du temps, Comme tu dois souffrir, ma pauvre feuille morte! Je t’ai cueillie, avant que la bise t’emporte, Et j’ai cru que pour toi viendrait l’heureux printemps.
Flétrie, et sale, au cœur de l’affreux cimetière Qu’un soleil froid glaçait, triste tu grelottais. Je t’ai cueillie, et j’ai songé... La terre entière Se serait désolée, et Dieu, je le sentais.
Flétrie, et seule, avec le vent qui siffle et tue, Tu mourais, sainte feuille, et ne te plaignais point. Mais ta douleur muette en mon cœur m’a rejoint, Ah! triste feuille morte, âme sale et battue!
Comme tu dois souffrir, feuille morte! et combien L’amour dont tu fis l’ombre au jour et le murmure À la nuit, oui, combien t’est-il sinistre et sombre Aujourd’hui! Que sinistre est ton cœur, et le mien!
Je passais. Je t’ai vue, et ma main attendrie A caressé ta peine. Et tu meurs dans ma main. Je t’ai prise... Pleurons notre triste destin : Meurs, je pleure. Ô l’automne et la feuille flétrie!