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Louis LAURENCELLE

Aorès l'hiver

La mort, la maladie
Ont si bien occupé ce corps pâle et défait,
Que le voici s’armer par tout le sang de vie
Contre un nouveau forfait.

J’ai lourdement payé ma flemme incurieuse,
Qui m’a débilité,
J’ai mangé cet ennui d’être en tout dégoûté :
Vienne la foi rieuse!

Tel dit que rien ne vaut
Et que la volupté fane après qu’on la touche :
Fuyez, dit-il, le temps en l’oubli du pavot
Ou le plomb des cartouches.

Que les lancinements de la mort fassent trêve!
Le temps magicien fond le réel au rêve.

Un voyage outre-mer
Le cap à l’inconnu vers quoi pointent les vagues,
Et les vents extravaguent
Entre les goélands saluant le steamer.

Ô ma compagne, allons, par les vagues frisées,
Vers les horizons neufs, âme aux ailes brisées !

Vivaces plus encor
Après avoir trempé dans les troubles délires,
Allons sonner la vie avec les bruits du cor
Et les hymnes des lyres.

Allons aux pays, ô mon âme lumineuse,
Que lumière et que joie
Injectent d’une humeur souriante et flâneuse
Où notre humeur s’emploie!

Allons, et nous mourrons de la mort temporelle.
Notre joie appartient au Temps plus que divin.
Celui qui pour la mort règle sa vie est vain :
La Joie est loin de lui, la Mort jà le querelle.