La mort, la maladie Ont si bien occupé ce corps pâle et défait, Que le voici s’armer par tout le sang de vie Contre un nouveau forfait.
J’ai lourdement payé ma flemme incurieuse, Qui m’a débilité, J’ai mangé cet ennui d’être en tout dégoûté : Vienne la foi rieuse!
Tel dit que rien ne vaut Et que la volupté fane après qu’on la touche : Fuyez, dit-il, le temps en l’oubli du pavot Ou le plomb des cartouches.
Que les lancinements de la mort fassent trêve! Le temps magicien fond le réel au rêve.
Un voyage outre-mer Le cap à l’inconnu vers quoi pointent les vagues, Et les vents extravaguent Entre les goélands saluant le steamer.
Ô ma compagne, allons, par les vagues frisées, Vers les horizons neufs, âme aux ailes brisées !
Vivaces plus encor Après avoir trempé dans les troubles délires, Allons sonner la vie avec les bruits du cor Et les hymnes des lyres.
Allons aux pays, ô mon âme lumineuse, Que lumière et que joie Injectent d’une humeur souriante et flâneuse Où notre humeur s’emploie!
Allons, et nous mourrons de la mort temporelle. Notre joie appartient au Temps plus que divin. Celui qui pour la mort règle sa vie est vain : La Joie est loin de lui, la Mort jà le querelle.