Dans les derniers jours du printemps Je l’emmenai dans la campagne où tout embaume Nous promenâmes l’incurie Au cours d’yeux étonnés et d’oeillets lumineux
Dans les champs de foin pleins de vent Le soleil secouait les tiges vigoureuses Il n’existe pas de baisers Que je ne lui donnai dans l’ombre de son corps
La saison vermeille venait La canicule était le faîte de nos fêtes Et des fontaines fraîches y Jasaient dans un concert d’eau limpide et de vent
Nous labourâmes notre terre Le feu de la semence inondant les sillons Et le boeuf courbé de nos sexes Mouvant sans y penser le soc et le sol dru
C’était la fin saison. Ma belle Était belle à mourir dans juin incendiaire Nous auscultâmes les grands arbres Dont frappe comme un poing l’infini battement
Nous basculâmes étourdis Dans des lacs poissonneux dans des firmaments d’ailes La nuit nous revenait chanter Comme un pain comme un vin la Terre magnifique
Telle est la Terre magnifique Comme un pain comme un vin rompu et répandu Ma belle avait un corps de vignes Et sa face et son ventre absorbaient le désir
Chaque nuit nous mourûmes Au soleil de midi nous mourûmes au chant Du premier oiseau qui s’éveille Nous mourûmes encor nous mourûmes au soir
Nous nous baignions les mains après le feu Par la fraîche ombre des branchages et la face Par la pluie accrochée aux doigts dans une source Nos corps se baignèrent de lune
Ma belle avait la tête blonde Avait les yeux d’azur avait le ventre clair Dans les derniers jours du printemps Nos corps prirent les perspectives de la Terre.