Fûtes-vous onc en l’onde ensevelie Glissant ès fleurs au cours d’un ruisselet Comme soulait la princesse Ophélie,
La tête blanche, le cheveu follet Et le sourire à vos lèvres fanées, Vous qui glissez morte sur mes années ?
Vous étiez vive et couriez lestement Les papillons voletant par la prée. Le jour tombant dans l’ombre diaprée, L’on vous trouva, mourante indolemment ;
Un papillon, votre âme, étrangement N’osant quitter la dépouille sacrée, Frémit dessus votre bouche nacrée Puis s’envola devers le firmament.
Le Jardinier cueillit l’âme encor tendre, Abandonnant ce beau vase à la mort, Pour, dans mon âme immobile, l’étendre
Et qu’elle glisse au large d’aucun port, Portant le deuil et la mélancolie Sur l’onde obscure où s’allait Ophélie.