Elle est le gel sur tes récoltes Ta belle humeur qui se révolte Contre des moulins à vent mort Elle est d’accord Avec les vantards qui te flattent Et serre trop fort ta cravate Et te regarde t’enfoncer Dans le passé
Elle te saisit au réveil Quand tu l’ôtes de ton soleil D’un vague geste de la main Elle revient Par l’entrée cachée des artristes Elle tourne en rond elle insiste Pour te gâcher ta solitude L’inquiétude
Elle mouille tes yeux mon frère Pétrit vicieuse tes viscères Rabâche un obsédant refrain Elle sait bien Qu’à ta première inattention C’est elle qui aura raison De tes jouissances fugitives Elle salive
Elle sait tes failles par cœur Tu la reconnais à l’odeur Tenace qu’elle se trimbale Tu la sens sale Tous les prétextes lui sont bons Pour te grignoter la saison Elle est ta mauvaise habitude L’inquiétude
Elle est la maladie patiente Au coin de la rue qui te hante Elle joue de tes nuits futures Et sa peau dure Se frotte à ton poil hérissé Tu n’as pas le temps de pisser Qu’elle a déjà rempli ton urne De peurs diurnes
Elle est l’impossibilité Elle est ton sourire alité Qui attend sa greffe de fleur Sa nouvelle heure Quand tu parviens à la trahir Pour un meilleur ou pour un pire Elle est toujours ta latitude L’inquiétude
Elle fricote avec tes ombres Le long de ses murs qui t’encombrent Quand tu rêves d’une prairie Et elle rit D’un rire glaçant et glacé Elle n’en a jamais assez