J’ai une caméra à la place des yeux Et une pellicule en guise de cervelle Afin d’enregistrer un film qui se révèle Être un méli-mélo de souvenirs crayeux.
Le préposé sénile à ma jeune mémoire Projette une bobine à même mes yeux clos : Il s’agit d’un bébé qui, sur l’écran de peau, Vagit pour décrier son destin péremptoire !
La Nature, un décor, et la Terre, une scène, Sont le plateau de l’homme, un figurant obscène, Dont l’histoire équivaut, nul doute, à un navet !
Je dessille aussitôt mes yeux pour voir le pire : Seul, devant un miroir, je vois l’acteur muet Qui veut faire parler ses crocs tel un vampire !