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Louis VAN LIERDE

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La Tristesse ;
Une perle d’eau douce écoulée de la mer
Comme on boit et on glousse avec elle à la gorge ;
Et ça monte et ça coince ; ça grise et se gorge
D’une pluie - tu t’écroules – ô pluie, goutte amère !

Puis l’amour ;
Qui, liquide marâtre, épie les impressions
De la vie sur l’enfant, de la vie sa pression.

La Peur ;
Approche incontestée d’un être incontestable,
Noir de chaque désirs et grand de tes instincts
Il s’immisque, s’étire, et, sombre lieu, s’éteint.
Laid de rires froids, tu sombres – ô délectable !

Puis l’amour ; fer amour,
Silence en sécession où la crainte insuffit
Pour que deux en soient nommées : ô noire, ô rubis !

La Colère ;
C’est rouge et ça te prend : l’écluse sans l’écran.
Elle bouge un coin de l’âme où s’écoule à sa rive
Un torrent, ce drame de sangs à la dérive
Et la tend, l’équarrit ; tu tues – ô mécréant !

Puis l’amour ;
Au temps des fastes flots, puis l’amour et ses mots
Fleurant à l’empourpré la pitié et le faux.

Le Mépris ;
Le male mépris qu’on flamboie, qui scintille
Car tu es grand, l’autre est petit, tu peux cracher
Conspuer, sourire sans jamais te cacher ;
A l’étrille des Fois, il t’imprègne de lie.

Puis l’amour ;
Haut, haut-dessus de ta tête, escarcelle
D’envie pour laquelle une quête n’est que fiel.

Le Dégoût ;
Il fait gras dans l’aurore de tes yeux. Dès lors
Qu’il aigrisse ta candeur, qu’un feu s’y allume
Et essuie sa sale suie verte à la plume
De ton cri : A la merde ! Et vomis - sale porc.

Enfin, l’amour
Qui est gris, noir, rouge ou bleu ou vert, qui des cieux
Tempère le temps même ; un effroi nous y prit,
A cette fleur flétrie que nous gardons précieux
Au coin de notre cœur, près du dégoût qui suit.