La défaite...
En moi je vois la défaite,
Concrète, puissante, active
En moi je vois la mort certes
Existante et incisive
La défaite est l’impuissance d’être soi
La défaite est l’issue noire d’un combat
La défaite est le renoncement que je vois
Lorsque j’abandonne ma foi
La défaite c’est le laisser-aller
Vers un côté sombre et obscur
La défaite c’est une proie offerte et liée
Dans un contexte pas du tout sûr
D’évidence faible et éphémère,
La proie que je deviens est certitude
Dans la défaite je ne suis déjà plus sur Terre,
La défaite c’est le résultat de la lassitude
C’est la prise de conscience de nos limites,
Incontournables et inévitables,
Une mauvaise analyse de ce qui est notre mort subite,
Au choix, regrettable ou inacceptable
La défaite est un état entre la vie et la mort,
De spectres morts à spectres vivants,
La défaite c’est être un fantôme sans effort,
C’est faire de soi un être absent
La défaite c’est la victoire que l’on n’a pas eue
Au terme d’un combat fondé sur l’effort et l’espoir,
Le coup de couteau mental en plein cœur, que l’on a eu,
Un meurtre virtuel qu’on ne peut voir
Dans la défaite je fréquente la mort,
Le néant, les limbes, le sans-retour,
Mon merveilleux équilibre d’alors
N’est plus rien et je deviens sourd
La défaite est le seul état que l’on devient,
D’homme à échec en un clin d’œil,
Le minable, l’abruti, le moins que rien,
Un corps inerte, dangereux, un écueil
La défaite c’est une mort lente,
Qui nous achève à petit feu,
Une âme égoïste et ignorante
Qui nous parasite de gens heureux
Quand la défaite est multipliée,
Quand les combats ne sont pas correctement menés,
Quand les échecs se sont accumulés
Le corps et l’esprit se sont vidés
Perdant, lâche, amorphe,
Minable, pauvre, raté,
Malheureux, Faible, même limitrophe,
Deviennent des qualités
La défaite c’est l’analyse sans courage,
Le manque évident d’objectivité,
Une autre vue aurait ses avantages,
Faisant place à la défaite dans la dignité
La défaite c’est une tumeur naissante,
La reconnaissance d’un kyste
Qui s’ajoute à défaite de manière lancinante,
Pour que « défaite » soit « défaitiste »...