Il n'a plus la force de pleurer, Il a bien trop souffert. Quand pourra-t-il se reposer De cet enfer vécu sur terre ?
Sa vie avait tendrement commencée Le soleil lui-même aimait à le caresser. Une nuit, la guerre civile dans le village s'est propagée. Il avait trois mois, ses parents venaient de se faire tuer.
Proie d'un peuple devenu fou A ses frères, il doit d'avoir survécu Et d'être devenu adolescent malgré tout Dans la misère, dans la peine, dans la rue.
Quand les armes enfin se sont tues Le pays, défiguré, a pansé ses plaies. Le jeune homme qu'il était devenu, Trouvait à la vie de nouveaux attraits.
Une jeune femme lui fit découvrir un bonheur éphémère L'amour avait définitivement permis de le consoler. Il était devenu un homme, il était fier Mais insidieusement, le sida était en train de le ronger.
Parcourant le pays à la recherche de médicaments Il apprit très vite, à ses dépens Que seuls les nobles gens, sur les autres continents Pouvaient bénéficier des progrès de notre temps.
Comme sa vie en dépendait éperdument Il continua son périple, se plaignant de cette inégalité. Un jour, sa course s'arrêta, brutalement Une mine venait de lui voler ses pieds.
Il ne lui restait qu'un corps meurtri Dans lequel il n'avait plus de place. Quand la famine à son tour l'a profondément amaigri Il savait que la mort lui faisait face.
Ce matin, une dernière fois, il a ouvert ses yeux Sur cette terre, vers ce soleil qui l'a vu naître. Une larme a coulé, il a imploré Dieu. Un sourire sur son visage figé vient d'apparaître.