Le long cheval de fer franchit les grands espaces Sauvages sensuels dans la torpeur des jours Bercés du souvenir d'éphémères amours L'infini défilé de la steppe qui passe
Harangues marchandes sur la longueur du train Corsages frémissants et jupes surannées Pirojki kvas omouls et carpes boucanées Halte d'un nulle part aux horizons sans fin
Par la vitre embuée du coursier au long cours L'aquarelle ébauchée dans un halo vermeil D'une isba solitaire entourée de soleils Ivres de se tourner vers la source du jour
Sanctuaire inviolé du tigre de l'Amour La Taïga se meurt aux portes de la Chine Où la cité fluviale avale trois collines L'Oussouri et l'Amour confondant leur parcours
Khabarovsk étourdie des moiteurs du mois d'août Goût de vieille Russie aux confins des empires La longue promenade où les bourgeois transpirent Les îlots où l'Amour nous faisait des yeux doux