Vos
poèmes

C'est elle, la fleur de toutes les couleurs
Elle affamée, ailes fripées, ne sait plus si elle vit,
Ne sait plus si elle meurt.
Incapable de savoir lorsqu'elle rit,
Incapable de s'arrêter quand elle pleure.
Larmes de sang emportées par les vents maudits.

C'est elle, la fleur de toutes les couleurs de la mort,
Reflets des lugubres chatoiements de Maldoror.
Cela fait bien longtemps qu'elle n'entend plus battre son
Que son haleine froide n'exhale plus que la peur,
Image d'épouvantables bouquets de laideur,
Que son haleine froide étale en grandes largeurs sa sauvage
Tout son être vibre, elle sent que c'est l'heure,
Le soleil couchant devenu son aurore,
Elle pourra bientôt se défouler dehors.

Allongée contre le bois et le satin dans le noir,
Une soif inhumaine la plonge dans une danse en transe.
Cette fièvre lui brûle les veines chaque soir.
Allongée contre un corps soudain vidé de sa substance,
Ses lèvres réchauffées, son cadavre galvanisé,
Elle souffre d'espoir de croiser son regard dans le miroir
Comme à chaque fois, elle a oublié.

Elle pourra toujours se remplir comme un réservoir,
Pour elle, aucun reflet, aucune ride, aucune chance.
Nous pourrons tous lui servir d'abreuvoir,
Pour elle, aucune chance de transcendance.
Elle pourra toujours se gaver de notre chaleur comme un cana
Pour elle, voilà que s'ouvrent des siècles de décadence.
Nous pourrons tous nous faire tailler par ses dents-rasoirs,
Pour elle, la promesse de siècles d'errance.

C'est elle, la fleur de toutes les couleurs
Ce soir, elle s'éveille de sombre humeur.
Mieux vaut ne pas traîner dans les parages,
Attention petits cochons, il flotte dans l'air comme une od

Dans les rues cimetières, fantôme sans âge,
Avec les ombres des nuages, elle voyage.
Là où elle enterre son cercueil,
Nous ne sommes que pétales et feuilles,
Un par une, une par un, elle nous cueille,
Il va falloir faire notre deuil.
C'est elle, la fleur de toutes les couleurs
Ce soir, elle s'éveille de sombre humeur.