Pensées Diurnes
Je suis Bernard, je suis ermite,
Je suis coincé entre deux mythes.
Plus tout à fait vivant, pas encore tout à fait mort,
De vos fluides raisinés dépend mon sort.
Reclus au fond de ma vide coquille,
Assoiffé, immobile, je me recroqueville.
Sage et patient, du fond de mon cercueil,
Le coucher du soleil me fait ouvrir un oeil.
Lentement je me lève, je me hisse,
Pour boire vos vies, de ma tombe je glisse.
Je tremperai mes lèvres dans je ne sais quel calice,
Planterai mes dents gourmandes entre je ne sais quelles cuis
Et grince la porte de mon caveau,
Et grincent mes mains sur vous comme un garrot.
À la lueur osseuse de la lune blafarde,
Entre les sépulcres je me hasarde.
Pour le moment plus séché qu'un fossile,
Bientôt je visiterai les viscères de vos villes.
Abomination qui vous pendra la tête à l'envers,
Au bout d'un moment, plaisir pervers,
Vous ressortirez Van Helsing du vestiaire.
Vous vous sentirez protégés, malins et fiers,
Mais rien ne saura m'empêcher de saigner
à blanc, les beaux, les nobles, les bourgeois, le notaire, l
Leur chaleur bleue mes veines ardentes viendra irriguer.
Et vous comprendrez que votre vieil épouvantail
Ne vaut même pas le prix de sa meilleure gousse d'ail.
Van Helsing, pauvre Hollandais farfelu,
Ton cadavre aura depuis longtemps disparu
Que je pourrai toujours dire, je suis Bernard, je suis ermit
Le cul coincé entre deux mythes
Je suis né sans père ni mère,
Quelle que soit la page où je les ai ouverts,
Pas de définitions dans vos dictionnaires.
