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Ludivine DEGRYSE

Chronique d'une rencontre

J'errais seule sur cette voie sans issue
N'écoutant que le bruit sourd de mes pas égarés ;
Je pensais sans cesse à ma vie déjà fichue ;
C'est à ce moment que je t'ai rencontré.

Tu avais quelque chose d'étrange dans le regard
Et la démarche d'un pantin désarticulé ;
Qu'il fait bien les choses, ce merveilleux hasard !
C'est à ce moment que tu m'as sauvée.

Mais tes premiers mots furent comme un bouquet d'orties,
Tes premiers gestes dénués de la moindre bonté ;
A tes yeux, je n'étais qu'une pauvre fille ;
C'est à ce moment que je t'ai detesté.

Avec moi tu fis pourtant un petit bout de chemin
Mais sans le savoir, c'était pour mieux me torturer ;
De l'enfer, je venais de croiser le Malin !
C'est à ce moment que je me suis mise à pleurer.

Le Bien l'emporte toujours sur le Mal !
Emu, ton discours fut alors plus gai,
Tes gestes moins brusques tel un faible animal ;
C'est à ce moment que tu m'as rassurée.

Je découvris alors le véritable pantin,
Celui qui amuse avec ses mots légers
Et qui garde au fond de lui un côté enfantin ;
C'est à ce moment que tu m'as amusée.

Lentement le soleil a réchauffé notre route
Et lentement le bouquet d'orties a fané ;
Un à un se sont dissipés mes doutes ;
C'est à ce moment que tu m'as fait rêver.

De notre voyage vers l'inconnu,
Sereinement naissait une complicité
Et soudain, nous nous sommes mis à nu ;
C'est à ce moment que nous nous sommes aimés.

La vie, voyez-vous, n'est qu'un énorme leurre !
La joie qu'elle apporte, elle la reprend de son gré ;
Ne jamais rien attendre d'un instant de bonheur,
C'est à ce moment que l'on pourrait étouffer.

Alors, au bord des larmes,
Mon coeur en mille morceaux s'est brisé
Comprenant tout le drame,
Celui de t'avoir laissé filer.

Seule de nouveau sur cette voie sans issue
Et puisque de l'Amour je m'étais éloignée,
Je repensais sans cesse à ma vie vraiment fichue ;
C'est à ce moment que je me suis écroulée.

Dès cet instant, ne me suis plus jamais relevée !