Agisme
Âgisme
Les poètes, dans la tourmente,
Aux corolles de la beauté,
Considérant la longue pente,
Rêvent le présent de l'été.
Cueillez ici, cueillez la rose,
Avant que l'hiver tout puissant,
Marquise, ne fane la chose
Au jardin des beaux sentiments.
L'injonction faite à la femme,
Au printemps, de donner son cœur,
Dès qu'un regard viril s'enflamme
Invite au plaisir enchanteur.
La mode aux multiples ficelles,
Pour qui ne goûte point les mots,
Relie l'ancienne ritournelle
Aux ardeurs des points cardinaux.
La beauté toujours nécessaire,
Et le désir, bien présentés,
Font que la jeunesse doit plaire
Et pour cela, ne point passer.
Restez jeune et pleine de grâce
Au prix comptant de votre corps.
Voyez-vous comme le temps passe :
Contre lui, faites des efforts.
Soyez moderne, libérée
Dès que l'homme pose les yeux
Sur les marges de l'hyménée.
Le danger vaut trois, mieux que deux.
Nul ne sait où cela s'arrête
Mais il faudra bien peu de temps
Pour qu'on se paie sur votre tête
Au prétexte de quelques ans
Qui parfois ne sont pas les mêmes
Selon qu'on porte un étendard
Ou que l'on regrette un poème
Autrefois, chargé de regards.
L'on vous dira peut-être intelligente
Ou si triste en votre maison,
Qu'ailleurs, où le plaisir serpente,
On cherchera d'autres bourgeons.
C'est la vie. L'âge est un naufrage.
Apprenez ou n'apprenez pas
À chanter. Le nouveau ramage
Moquera vos anciens appâts.
Hélas, qu'il est triste, Madame,
Que cette comédie, toujours,
S'achève sans que, dans votre âme,