Inondée d'émotion par la beauté des vers, Je ne sais refouler le plaisir du poème Qui fait couler les mots délicieux que j'aime. Dans le bruit des vagues arrondies de la mer, Quelque chose de vrai vers le divin m'entraîne.
Qui peut dire pourquoi l'image est énergie, Comment les sentiments au verbe se confondent, Comment la mélodie à l'image succombe, Et pourquoi le poème est plus fort que la vie, Quand on ne comprend rien aux caprices du monde ?
Qui peut dire pourquoi l'on aime, qui peut dire Pourquoi ces vers mouillés de larmes sont si beaux, Et pourquoi j'ai si peur en voyant tout là-haut La tristesse du ciel qui ne veut pas finir Quand les alexandrins ruissellent dans ses mots ?
Avant la Liberté, toujours, la poésie Montre aux hommes la force et le vrai de leurs rêves, Qui éloignent la guerre où la Vérité crève, Elle est la fin des pleurs, et l'enfant qui sourit, Elle est, dans mon secret, le bonheur qui se lève.
Sa clandestinité sauve de la censure Les quatrains merveilleux de la libération Qui peut dire son prix, sinon par l'addition Des délires humains, des rêves les plus purs, Qui peut vivre debout sans âme, sans passion ?
Couchée sur le vélin ou chantée dans le noir, Jusqu'à la fin des temps, la poésie est reine Même si le tyran l'emprisonne et l'enchaîne. Elle dort, entourée, au lit de nos mémoires, Par la fragilité de la nature humaine.
M.KISSINE Vestiaires et labyrinthes ISBN 978-2-9534456-7-1