Aveuglée de lumière, la pureté des étoiles M’éblouit et décline ses milliers de rayons ; Peinture florentine, sur une immense toile S’étend le paysage dont l’Eden a fait don.
Une flamme identique brille dans tous les yeux Et allume les regards, rougeoie passionnément : Nos prunelles se consument, se calcinent, en ce lieu Où Vénus et Lilith s’enlacent amoureusement.
Le néant nous attire pour mieux nous détourner De nos chemins de croix dont les étranges grâces Meurtrissent les archanges, ravissent les damnés… En traversant le Styx, nos souvenirs s’effacent.
Dans une ultime seconde, je m’autorise à croire Qu’Enfer ou Paradis ne sont qu’une illusion, Mais les flammes d’Hadès me contraignent à boire Les eaux empoisonnées courant dans l’Achéron.
Emerveillement, horreur ; intimement liés… Sous le sourire de Dieu ou le croc de Cerbère Se mêlent et se confondent d’innombrables pêchés Qui infiltrent mon sang de leur saveur amère.
Nous sommes ici vivants, éternels condamnés, Protégeant les mortels, voyageant dans la brume ; Les pièges de Thanatos, dont nous sommes prisonniers, Vous guettent dans les limbes, et sous terre vous inhument.
Ne nous oubliez pas, priez à nos mémoires ! Cette prison, terre d’exil, nous a ouvert ses bras Et conserve en son sein nos âmes désormais noires Puisque l’humanité, en la religion, croit.