J’aimerais t’oublier, pourtant tout me ramène Aux rires de ton cœur, aux larmes de ta voix ; Tes yeux de ciel me manquent, tes boucles d’ébène Hantent mes souvenirs, creusent ce gouffre en moi.
Le vent gelé arrache aux arbres leurs couleurs Tout comme ton départ a éteint ma lumière ; L’après-midi d’automne étouffe les rougeurs De ma bouche et mon âme, en ses beautés amères.
Nos sourires d’enfants, amusements sans fin Égrènent sur ma vie leurs infinis trésors… Je me perds en ton nom, j’ai peur des lendemains Malgré l’éternité du paysage d’or
Qui s’étend sous mon être, brille en ta mémoire, Au bonheur désormais ancré en mon corps pâle, Aussi blanc que ces neiges aux reflets d’ivoire N’ayant jamais connu la douleur ni le mâle.
Femme et femme, sans peur, nous rêvions d’avenir… Je t’aurais tout offert, tu n’imaginais pas Cette passion brûlante qui, pour te servir, Embrumait mon esprit, détruisait tout en moi.
De nos émotions brèves, je retiens l’ardeur Intense et irréelle – comme le vent d’automne Qui par milliers arrache aux arbres leurs couleurs En portant jusqu’à Toi mes murmures atones.