C’est au creux de tes bras que mon corps trouve sa place ; Même au cœur agité des fêtes vénitiennes, Ton absence m’impose l’unique masque de peine Qui fige mon visage et jamais ne s’efface.
Les lumières de la ville, les gondoles sereines, Distillent dans mes yeux leurs milliers de couleurs ; L’eau noire devient mon sang et les canaux mes veines : A travers la beauté reparaît la douleur.
Mosaïque fascinante, attraction dangereuse… Les jupes se soulèvent aux accords des guitares. Arc-en-ciel estival, séductrices amoureuses, Les mouvements des étoffes m’emportent – je m’égare.
Pourtant, sans ton sourire, cette liberté me tue ; Venise la gracieuse sait se montrer violente Jusqu’à être assassine, à m’obstruer la vue ! Derrière tant de merveilles, tes derniers mots me hantent.
Mon regard embué vers le pont des Soupirs, Je te sens m’enserrer d’une invisible étreinte ; Durant un bref instant, surgi d’un souvenir, Ton rire fait rougeoyer l’éclat des âmes éteintes.
Je m’efface peu à peu, et je deviens une ombre, M’accrochant au besoin d’un espoir qui m’enlise Au fond du désespoir, comme les ruelles sombres Sont celles qui dévoilent les mystères de Venise.