Les visages font grise mine, Et les estomacs crient famine. Grâce à une âme charitable, Il y a là, le père, Les cinq enfants et la mère. Ils sont à table. Deux tréteaux Et une planche misérable Au beau milieu de l’étable Dépendant du château. Ils ont le ventre vide Et la faim rageuse. Avec leurs mains osseuses, Ils portent à leurs bouches avides, La volaille rôtie et les légumes. Oubliés les jours d’amertume ! Leurs dents crasseuses S’enfoncent dans la chaire juteuse. Pas le temps pour les bénédicités. Leurs canines déchiquettent la barbaque Qui ne résiste pas à l’attaque. Leurs mâchoires broient avec voracité Tandis que leurs yeux jettent des éclats Sur la table et sur les reliquats. Ils n’apprécient ni le goût ni l’arome. On entend des chloff, des chgrom Des chouloup et des mmmm de contentement. Moi, en les regardant faire ripaille, Je maudis la faim qui souvent les tenaille . . . Laissons-les profiter de ce moment.