J’en ai tellement marre de ta grande gueule ; J’en ai tellement marre de te supporter ; J’en ai tellement marre de te voir t’emporter, Que je préfère finir ma putain de vie toute seule. Au bout de vingt ans de vie commune Tu m’as rendue pleine d’amertume Parce que tu n’as cessé de t’énerver ; Parce que tu n’as jamais été souple ; Parce que tu n’as jamais tenté de préserver Ne serait ce que notre semblant de couple. Cela fait trop longtemps que ça dure. Nous ne pouvons continuer de la sorte, Car j’ai le sentiment que tu veux me voir morte. Les enfants ignorent tout ce que j’endure Et j’ai peur de devoir leur apprendre Un de ces prochains jours Qu’entre leurs parents, il n’y a plus d’amour. J’ai peur de me confesser et de comprendre Qu’ils ne s’étaient jamais douté de rien, Ignorant du calvaire qui était le mien, Quand je verrai leurs yeux incrédules Et emplis de questions embarrassées, Chercher dans les miens le point ou la virgule Qui les aurait alertés quand ils venaient m’embrasser. Je ne sais pas où est passé le beau jeune homme Que j’avais choisi pour sa gentillesse Pour son élégance et sa délicatesse. A l’époque, aucun indice, aucun symptôme Ne m’avait laissé présager cette triste fin. Ton vocabulaire et ton érudition Cachaient en fait un aigrefin Doué de la meilleure élocution Pour baratiner les sottes et les naïves. Oui, naïve je l’ai été et je le regrette. Nous sommes sur la pente négative Et pour ne pas commettre de boulette, Il serait sage que nous nous séparions. Il est loin le temps où nous riions.