Je te lance cet appel au secours Parce que je t’aime toujours ; Parce que je regrette mon départ Pour ce lointain ailleurs sans égards. Parce que j’ai retardé mon retour, Je suis sans âme ; sans chaleur alentour. Saches mon adorable princesse Que j’endure une immense tristesse Pendant de longs moments tourmentés Chaque fois que je repense à nos étés. Je me souviens de ta bouche Aux lèvres d’enfant timide et sage. Elle avait le don pour les messages Quand tu me promettais ta couche. Quand tu parlais avec cette musique Dans ta voix au timbre magique, Les oiseaux interrompaient leur chant Pour t’écouter chuchoter au soleil couchant. Qu’ils étaient bons nos rendez-vous clandestins Au milieu des ruines de cet ancien fortin . . . Nous étions heureux et confiants. Hélas, la vie ne fait pas de cadeau aux enfants. Les années ont malheureusement passé très vite. J’ai maintes fois retourné mon sablier Et j’ai toujours entendu le temps impassible et altier Me répéter sans cesse que j’en étais quitte Avec ces instants de furtive complicité. Il se disait immuable pour l’éternité Ce temps qui nous a mangé nos jeunes années. Nous voilà toi et moi parmi tous ces condamnés ; Tous ces amoureux que la vie a séparés. Et nous n’étions même pas préparés. Même mes souvenirs ne pourront rien adoucir Parce que je ne connais aucun élixir. Nous ne sommes hélas plus des enfants. Où est passé ta jeunesse . . . Ils sont loin . . . Loin nos infortunés dix ans. Où est passée ma jeunesse . . . A l’heure où je me confie pour la postérité, J’ai la tête lourde ; l’âme en peine et le cœur gros Parce que je regrette de t’avoir quittée ; Parce que je ne suis pas sûr de trouver le repos. Je n’aurais jamais . . . Jamais dû grandir ! . . . Et toi, tu aurais dû m’empêcher de partir.