Une rue, une maison, un jardin. Là, il y a une fontaine, des jets d’eau, Des fleurs, des arbres, et des oiseaux Qui font la fête au soleil badin. Dans ce décor, deux jeunes gens. Une fille et un garçon. Lui, amoureux diligent. Elle, forte de son caparaçon.
Ecoutez leur drôle de dialogue Et attendez-vous à un surprenant épilogue.
Lui : Votre beauté fait penser à un Botticelli. Vos yeux pareils à deux lacs impassibles Bordés et protégés dans leur bleu inaccessible, Par deux collines qui inspirent toutes les folies, Me donnent envie de partir à l’assaut. Malheureusement, cette traîtresse de pudeur M’interdit de me rendre coupable de laideur. Je n’en peux plus de ces soubresauts Dont je suis toujours la proie pusillanime A cause de ce terrible feu qui m’anime. Mon inclination ne pouvant demeurer latente, Ne soyez pas cruelle et répondez à mon attente.
Elle : Je n’ai pas besoin d’un amoureux. J’ai des oiseaux que je rends heureux ; Cela suffit à mon bonheur Et tant pis pour votre cœur Car je sais très bien où vous voulez en venir Et je ne saurais être votre meilleur souvenir.
Lui : Tenez ; prenez et lisez ce poème Et il vous dira combien je vous aime Et combien je suis devenu fou Ne serait-ce que de votre silhouette. Je suis semblable à un chien andalou Qui court, renifle, jappe et furette.
Elle : Pardonnez mon rire moqueur, Mais, je n’ai que faire d’un rhétoriqueur. Il vous faut plus que de l’éloquence Pour avoir une quelconque influence. De plus, votre poème est mielleux Et vous, vous êtes du genre frileux . . . Avant vous, j’en ai découragé des candidats Qui se prenaient pour d’impavides soldats.
Lui : Vous êtes morgue et distance Et ne connaissez pas la repentance. Vous me signifiez votre cruel refus, Pour me faire déambuler sans âme ; L’esprit et le cœur confus. Je ne maudirai pas le sort infâme. Je garderai tout mon esprit Pour vivre mon destin. Vous qui me traitez par le mépris, Vous serez bientôt mon festin.