Elle : Vous prenez votre désir Pour chose déjà acquise. S’il vous plait, faites-moi plaisir Et appelez-moi madame la marquise.
Lui : Vous vous montrez sardonique Et toujours prompte à me faire la nique. Moi, je ne suis pas de ceux qu’on renvoie ; Je ne vous dirai pas ce que je prévois, Mais attendez que la nuit vienne, Et à ce moment vous serez mienne. Je le jure par la rose que j’ai vu éclore. Je le jure par le feu qui me dévore.
Elle : Je sais. Vous allez encore rêver de moi. Et lorsque vous aurez froissé vos draps Croyant me serrer enfin dans vos bras, Vous me reprocherez vos larmes et votre émoi. Le réveil porteur de réalités est toujours cruel Et les heures qui suivent demeurent cicatrices. Renoncez à mon épanchement éventuel Et débarrassez-vous vite de votre caprice.
Le jeune homme décida de couper court. Marre de ce dialogue de sourds. Il fit au revoir d’un geste de la main. La jeune fille le tenant pour tenace, Etait sûre de le revoir le lendemain. Non ! . . . Elle n’était pas perspicace La jolie . . . La merveilleuse brune En regardant partir l’amoureux éconduit.
Lorsque le soleil s’en alla offrant à la lune De présider les heures mystérieuses de la nuit, Le jeune amoureux fit son retour Poussé pas son besoin d’amour. Le jardin se tenait silencieux, Prêt à être le seul témoin De l’audace du jeune irrévérencieux. Quant à la jeune fille, loin, très loin De se douter de quoi que ce soit Dormait tranquille sous son toit. Il y a là, un arbre aux branches propices. Le jeune téméraire le choisi pour son complice. Et, c’est avec d’infinies précautions Qu’il entreprend enfin l’ascension Car sa devise c’est : « osons et toujours osons »
Après quelques minutes délicates, Perché au dessus du sol tapissé de gazon, Le voilà dans la chambre de la scélérate.
La belle qui dormait, fut réveillée par une intuition. La rebelle, décontenancée par l’irruption Se tint sur son séant et demeura un instant hébétée Avant de pouvoir demander à l’effronté :
Elle : Eh, monsieur . . . Que faites-vous à mon chevet ?
Lui : Mais, ma chère . . . Je viens vous enlever . . .