Plus je vous regarde, Adeline Et plus votre beauté me fascine. Plus je vous regarde, opaline Et plus mon cœur me taquine. Il me dit qu’une âme aussi câline N’est sûrement pas pour ma bobine. Je consens à le croire et je fulmine Parce que je ne vous sens pas encline A quelque rencontre clandestine. Pourtant, pour vous conquérir, voisine Avant que le soleil ne décline, Je suis prêt à aller sur la colline Braver les morsures des épines ; Affronter le vent et la bruine ; Défier la forêt orpheline, Pour vous offrir un bouquet d’églantines. Avec ces fleurs que je vous destine, Il y aura mon cœur, gamine Que votre méfiance assassine. Je ne suis pas dangereux, badine Je suis un amoureux qui devine Derrière la femme mutine, Une exquise bourgeoise libertine, Qu’une certaine éducation, confine Derrière des considérations mesquines A cause de ses nobles origines. Libérez-vous vite, mon héroïne Et ne soyez plus chagrine. Vous avez le droit, coquine D’être épouse ou concubine. Vous êtes belle et féminine. Vous avez surtout une telle poitrine ! Comme je voudrais, aubépine . . . Comme je voudrais si votre cœur opine . . . ! Par le soleil qui nous illumine ; Par le jour qui s’achemine ; Par mes bras qui crient famine ; Par la saison qui se termine, Par le son de votre voix cristalline . . . Ne me jugez pas sur ma bonne mine, Mais montrez-moi que seul l’amour prédomine ! . . . Débarrassez-vous de votre crinoline. . . Je vous en conjure, cousine, Venez à moi et soyez certaine, féline Que ma passion n’est pas anodine !. . . Que ce ne sera jamais la routine. En fait, si je vous veux, Divine, C’est parce que je hais les gourgandines.