Le jour de mon départ déjà, je redoutais mon éloignement. Mes proches et tous les témoins de mon avènement Ont vainement tenté de me faire renoncer à mon dépaysement. Moi, j’étais décidé à partir vers un grand changement. Marre de ces conditions qui échappent à tout entendement. Marre de cette vie de privation et de dénuement. Je voulais moi aussi avoir ma part légitime d’éblouissement En posant les pieds sur ce sol aux recrutements.
Malgré toutes mes craintes ; malgré mon déchirement, Je fanfaronne en promettant de revenir tout bonnement Avec ce qu’il faut pour acheter un superbe appartement Ou bien de la terre pour construire sur tout un lotissement Une de ces belles villas dont les propriétaires du moment N’ont aucun regard pour leurs voisins, faibles économiquemen
Je n’oublierai jamais les larmes qui coulaient abondamment Sur les joues de celle qui avait promis de m’attendre patiem Jamais . . . Jamais je n’oublierai cet atroce sentiment Qu’éprouve l’orphelin abandonné dans son triste cheminement, Mais j’étais résolu pour mon long et sévère bannissement Même si ma partance était vécue semblable à un vrai arrachem
Dehors, autour de la voiture, des femmes et des garnements Etaient agglutinés, attirés par la curiosité dans l’énerveme
Me voilà sur le port ; c’est un beau jour pour un recommence Sur le quai, au milieu de la foule, j’embrasse ma tante le p En pleurant avec elle et en la rassurant avant l’embarquemen
Le bateau quitte le port sous les cris et les applaudissemen La traversée s’annonce calme avec la clémence des éléments.
Me voilà en Europe ; ce continent prometteur d’enrichissemen Dés mon arrivée, j’assume plus ou moins courageusement Et la nouvelle vie qui m’attend et mon téméraire déplacement Le plus urgent dans l’immédiat, demeure mon placement.
Il y a dans la ville me dit on, des possibilités de logement Des cousins arrivés depuis bien des années, ont su habilemen Faire leur trou et leur fortune dans la cité aux divers arra
Je suis déçu et anéanti lorsque je constate le surencombreme De la piteuse pièce où des lits superposés dans leur alignem Me font penser à tous leurs occupants entassés misérablement
Et là, je comprends . . . Tout n’était que mensonges décidem
Quand les immigrés rentraient en vacances avec leurs cliquèt Tous ceux qui les croisaient enviaient bien sûr leurs orneme Ces fourbes n’avaient aucun scrupule dans leur flamboiement Quand ils allaient partout se pavaner avec morgue et indécem Montrer leurs récentes possibilités et leur nouvel accoutrem
Dans leurs récits, là-bas, tout était facile infailliblement Le travail ; le logement ; les femmes et l’argent indubitabl